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Théâtre en Normandie

« Hauts-Céans »... dans le sillage de l'infini

9 Octobre 2017 , Rédigé par François Vicaire

C'est une de ces rencontres improbables que seuls des événements dramatiques peuvent mettre en place … à moins que ce soit l'imagination fertile d'un auteur jouant avec des situations mettant en valeur la nature de ses comédiens.

Il y a un peu de tout cela dans cet « Hauts-Céans » que la compagnie « Qui vive" présentait au Théâtre de l'Echo et qui coordonne harmonieusement une pièce déjà écrite et celle qui en est la suite.

Sur le thème de la solitude et de l'infini, Jean-Michel Ribes avait inventé une situation qui favorisait l'affrontement de deux caractères diamétralement opposés. Très élégamment, il a donné à Nicolas Dégremont et à Frédéric Cyprien le feu vert pour qu'ils prolongent l'aventure et la poussent assez loin pour voir si leur idée, telle une bouteille jetée à la mer, pouvait arriver quelque part. Et il a eu raison de leur faire confiance.

Dans ce jeu de ping-pong entre un auteur et ses interprètes, les balles qu'ils se renvoient font mouche mais sans atteindre véritablement l'adversaire puisque ce match engagé de part et d'autre est un moyen de tuer le temps et d'une certaine manière de l'éterniser.

L'idée de départ est intéressante. Elle met en présence, ou plutôt dos à dos, deux personnages qui n'ont rien de commun, si ce n'est la complicité muette qui s'instaure en général entre un barman et son client. Tout les sépare : le mode de vie, la conception des choses et quand l'un met en avant sa bonne éducation, son interlocuteur lui répond avec une logique qui n'arrive pas pour autant à faire chavirer les certitudes de l'autre.

C'est un dialogue de sourds, noyé dans les soubresauts d'un espace mouvant sur lequel les protagonistes sont associés malgré eux. La pièce de Ribes se terminait sur une fin qui n'en était pas une. Celle de Dégremont et de Cyprien reste fidèle au style et à l'esprit de « Bataille navale » en lui adjoignant, toutefois, quelques éléments supplémentaires qui relancent l'action.... sans la résoudre.

Dans une scénographie adroite de Ludovic Billy, Nicolas Dégremont et Frédéric Cyprien construisent une pièce qui est une autre approche plus qu'un démarquage de la première. Ils le font avec assez d'esprit pour que l'enchaînement entre les deux se fasse sans heurt et avec suffisamment d'à-propos pour que l'ensemble se perde dans le sillage de l'infini …  avec comme point d'ancrage la certitude pour le spectateur d'avoir passé un très bon moment.

 

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