Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Théâtre en Normandie

Le Concours « Corneille » : un beau partage d'émotions

18 Septembre 2017 , Rédigé par François Vicaire

Après l'instrumentation l'année dernière, c'est l'expression lyrique qui était mise, ces derniers jours, à l'honneur pour le concours Corneille. Des candidats venus de tous les horizons s'y sont affrontés devant un jury de spécialistes présidé par le ténor anglais John Mark Ainsley.

 

Au départ, ils étaient trente-quatre à avoir été sélectionnés. En demi-finale, ils présentaient un programme dans lequel, ils se mesuraient avec des oeuvres de Bach, Monteverdi, Rameau etc … Passé ce premier cap redoutable, ils étaient une douzaine, le lendemain, à se retrouver en lice avec un programme libre qui leur donnait l'occasion de convaincre, non seulement les membres du jury, mais aussi le public puisque celui-ci avait son mot à dire dans le palmarès en décernant son propre prix.

 

Et, en finale, ils n'étaient plus que quatre à représenter la quintessence d'une discipline dans laquelle la maîtrise de l'ornementation, l'élégance du style et la qualité du timbre constituent les bases même de l'art baroque.

A ce stade de la compétition, la qualité des voix et la nature des timbres ne sont plus à prouver. Il s'agit avant tout de mesurer les capacités de conviction de chacun dans leurs interprétations. Le baroque, depuis un certain temps, s'est libéré des rigueurs académiques d'une philosophie qui sans être immuable reste néanmoins tributaire de codes respectueux tout à la fois de l'esprit et de la lettre, si ce n'est de la note.

En ce sens les prestations des quatre finalistes étaient significatifs de ce qu'on pouvait en attendre. De beaux timbres, une belle assurance, un professionnalisme déjà affirmé pour certains mettaient la barre assez haute pour rendre infiniment délicates les décisions du jury.

A la fin des auditions, on pouvait déjà se faire une certaine idée du palmarès. Les noms du contre-ténor américain Eric Jurenas et de la soprano belge Jana Pieters semblaient s'y trouver en bonne place. Romain Bockler, le baryton français retenait,  l'attention par un timbre intéressant et une interprétation solide mais , mais en dépit de ses grandes et jeunes qualités, ne parvint pas à convaincre vraiment..

Et puis, il y a Eugénie Lefebvre dont la voix généreuse et les interprétations enflammées se signalaient par une nature et un timbre éclatant qui la destinent, d'une manière évidente, à des emploi de « grand soprano » romantique.
Contre toute attente, pourrait-on dire, ce sont ses interprétations spectaculaires et une excessive dramatisation de son chant qui ont séduit le jury qui lui a accordé le premier prix, le second allant à Eric Jerenas pour une solide et sensible utilisation d'un timbre rare.

Eugénie Lefebvre possède un timbre éclatant et une conviction indiscutable, mais la retenue, l'élégance du style, la qualité d'un timbre rond et mordoré, la superbe ligne de chant, la maîtrise remarquable dans le phrasé et l'intériorité, ce sont chez Jana Pieters qu'on les trouvait. Le public ne s'y est pas trompé en lui décernant son prix et ce n'est que justice.

Comme dans tout concours et surtout à ce niveau, il y a une part de subjectivité qui intervient. L'appréhension d'une nature et d'une voix relève des capacités d'émotion qu'un artiste déclenche. En ce sens ce premier concours de la voix baroque, dont la finale était porté par les musiciens du « Poème Harmonique », s'est montré à la hauteur de ce qu'on en attendait : un beau partage de découvertes et d'émotions.

 

Notre photo : les trois lauréats au centre : Eric Jerenas, Eugénie Lefebvre, et Jana Pieters entre, - à gauche- John Mark Ainsley et – à droite – Catherine Morin-Desailly et Vincent Dumestre

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article