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Théâtre en Normandie

La saison de Bobée au CDN : faire tomber les chapelles

23 Septembre 2016 , Rédigé par François Vicaire

La saison de Bobée au CDN : faire tomber les chapelles

La parité !

C'est le maître mot de la saison du centre dramatique national.
Celui qui permet à David Bobée d'accorder ses exigences artistiques à des motivations personnelles clairement exprimées et qu'il met en application tout le long d'une programmation qui est en même temps un manifeste.
Il n'y a aucune posture dans cette démarche. Elle colle au plus près avec ce qu'est le directeur du CDN... à savoir son refus des différences, son acceptation des autres, son regard chaleureux porté sur le monde, une main tendue - et ce n'est pas une figure de style – vers les plus démunis. Avec en prime, si l'on peut dire, une indépendance d'esprit favorisant chez lui une éclosion d'idées qui fusent un peu dans tous les sens mais qui vont dans la même direction, à savoir le spectacle dans ce qu'il doit avoir de plus sincère et de plus authentique dans ce qu'il veut démontrer

Bref, vous l'aurez compris, Bobée est un humaniste qui refuse de s'arrêter aux notions obsolètes de droite ou de gauche et qui milite pour cette vision métissée qui lui tient à coeur (même si aux extrêmes, il n'est pas sans irriter... ce qui qui le ravit!)

C'est redonner au spectacle vivant la fonction politique qu'il ne devrait jamais perdre surtout en ces temps difficiles.

Parler donc de la saison du CDN, c'est parler un peu, beaucoup, de son directeur. Mais comme il est plutôt du genre réservé, il préfère laisser sa programmation le faire pour lui.

Alors, évidemment, on pourrait évoquer la grande réussite d'une aventure qui entre dans sa quatrième année, mettre en exergue la progression significative de la fréquentation des trois entités dont il a la responsabilité, monter en épingle le poids d'une renommée qui dépasse nos frontières (sa « Lucrèce » a pulvérisé des records un peu partout dans le monde et fera sa rentrée prochaine à Paris). Ce serait aussi insister sur la fonction formatrice qui s'est instaurée à « La Foudre » où les jeunes créateurs trouvent une terre d'asile et un lieu de réflexion.

Dans cet esprit, l'ouverture aux compagnies régionales, est déterminant. On retrouve cette année Yann Dacosta qui vient avec son « Loveless » et ses « contes de la forêt viennoise », Mathieu Létuvé qui s'engage sur la route d'un petit Poucet revisité, Martin Legros qui est un transfuge de la « Piccola », Anne-Sophie Pauchet et Arnaud Troalic avec « L'île aux esclaves », un Marivaux si étrangement d'actualité, Thomas Jolly et son « Richard III » qui pour des raisons de plateau sera présenté au Rive-Gauche et même Flaubert dont la « Bovary », revue et corrigée par le dramaturge Tiago Rodrigues démontrera, s'il en était besoin, l'universalité du personnage.

A côté de ses références qui ne sont pas de circonstance mais qui s'inscrivent dans une logique de qualité qui les justifient, Bobée en collaboration étroite avec Philippe Chamaux et Charlotte Flament qui sont auprès de lui les piliers non pas de la sagesse mais ceux sur lesquels ils s'appuie pour construire ses saisons, vont alterner les beautés métissées qui vont du Burkina Faso, à l'Iran, la Colombie, les Caraïbes, l'Algérie, le Japon en ayant le souci de respecter une parité homme/femme scrupuleusement assumée.

Tout cela représente une volonté de faire du CDN un endroit où venir au théâtre devient aussi facile que d'aller au cinéma. D'ouvrir, en quelque sorte, les portes des chapelles pour y faire entrer un grand bol d'air libératoire

Toute la programmation sur www.cdn-normandierouen.fr

Photo Arnaud Bertereau – Agence Mona/design

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