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Théâtre en Normandie

A la « Logomotive » : pour toutes les Blanche de notre jeunesse

4 Décembre 2015 , Rédigé par François Vicaire

A la « Logomotive » : pour toutes les  Blanche de notre jeunesse

On est toujours assis, si l'on peut dire, entre deux fauteuils quand on assiste à un spectacle pour enfants surtout quand on est environné d'un si jeune public et dont l'attention est difficile à capter ne serait-ce qu'une heure, même s'il est bien préparé par ses maîtres.

Faut-il convenir d'une lecture simpliste pour tenir éveillé de jeunes esprits découvrant pour la plupart le théâtre ou au contraire mettre de la distance, voire de la substance, dans un exercice qui peut aborder, comme c'est le cas ici, un sujet particulièrement délicat sans tomber pour autant dans une dramatisation excessive ?

En choisissant « Blanche » de Fabrice Melquiot « La Logomotive » n'a pas opté pour la facilité. L'histoire met en présence une enfant séduite par le non-conformisme de sa grand-mère et une grand-mère s'employant de son côté à façonner, entre raison et fantaisie, la personnalité d'une petite fille qui ne demande qu'à apprendre la vie auprès d'un personnage lumineux et fantasque.

Pourtant leurs rapports, fait de tendresse et de complicité, prendront un tour plus âpre au fur et à mesure que l'on suit la lente et subtile dégénérescence intellectuelle de la vieille dame.

Sujet difficile mais que Rosemary Fournier et Jean-Paul s'emploient à humaniser au maximum avec une mise en scène qui joue beaucoup sur l'impulsion et le clin d'oeil. Beaucoup de mouvements, quelques accessoires et une scénographie dépouillée conviennent parfaitement à la construction séquentielle de la pièce. Ce morceau de vie pourrait sombrer dans un pessimisme peu adéquat pour un public de 10/11 ans, mais l'abattage enthousiaste des comédiennes – excellentes Rachel Matéis et Sophie Mayeux – donne un rythme très soutenu et une «santé» qui gomment les douleurs prévisibles de l'épilogue.

On retrouve là, la patte rigoureuse et solide de la « Logo » qui assoit son travail sur la qualité des textes et le souci de les mettre à la juste place des intentions qu'ils annoncent. Avec des moyens solides et une équipe à toute épreuve (Roland Schön, Denis Brely, Gérard Yon, Eric Guilbaud) et une bonne direction d'acteurs, la mise en scène évite les complaisances alors que face à un public neuf – mais pas forcément acquis d'avance – il serait possible d'en faire un peu trop pour mieux le convaincre.

Mais le tandem Viot/Fournier a le sens de la mesure, de l'équilibre, du respect des auteurs qu'ils défendent.

Le jeu en vaut la chandelle. L'essentiel est dans l'attention, même réduite, des enfants, de leur éblouissement devant une fausse neige qui envahit le plateau, de la capacité d'enthousiasme que leur communiquent des comédiens qui se mettent parfaitement à leur portée sans pour autant bêtifier.

Et puis, il faut bien le dire, pour les quelques adultes qui étaient salle Beaumarchais à Maromme, entendre bruisser une salle juvénile et la sentir respirer au rythme d'une histoire conçue pour elle avec les soins que l'on mettrait pour des grandes personnes, est un bonheur qui anticipe tous ceux à venir …. quand, plus tard, ces spectateurs d'un jour constitueront un public qui repensera peut-être à toutes les Blanche de leur jeunesse qui leur auront révélé leurs premières émotions théâtrales.

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