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Théâtre en Normandie

Masculin... Féminin : De Peaches à Jeanne d'Arc !

11 Septembre 2013 , Rédigé par Vicaire François

Masculin... Féminin : De Peaches à Jeanne d'Arc !

C'est en quelque sorte le mariage entre Querelle de Brest et la petite sirène d'Andersen...

De « Queer » à Alma Malher, de Peaches à Jeanne d'Arc, la programmation concoctée pour sa deuxième année à la tête d'Automne en Normandie par Robert Lacombe fait le grand écart.

L'automne sera chaud cette année, décapant, fertile pour certains en découvertes et pour d'autres l'affirmation d'une évidence de société qu'il faut prendre en compte et qui ne veut plus s'accommoder de faux-fuyants et de « paraîtres » approximatifs. Le spectacle, qu'il danse, qu'il chante ou qu'il se dise, est là comme à toutes les époques pour remettre en quelque sorte les pendules humaines à l'heure, même – et surtout - si les fuseaux horaires se télescopent et semblent, à priori, se contrarier.

Partant de ce postulat pour lequel il se défend d'avoir joué avec un effet de mode évident, Robert Lacombe a construit une longue et somptueuse digression autour de l'amour, du sexe et de la transgression.

Un parti-pris qui prend pour support l'évolution d'une société dont les mutations affectives et sexuelles s'affrontent et se cherchent dans les multiples composantes d'une confusion qui n'est plus seulement celle des sentiments, chère à Zweig, mais aussi celle des corps.

Tout cela donne un exceptionnel et surprenant parcours dans lequel l'intime et l'exhibitionnisme se renvoient leurs propres interrogations et dont les réponses explosent dans toutes les directions dès qu'il s'agit des manières d'y parvenir.

Cette année, le théâtre, la musique et surtout la danse déploient toutes les ressources d'un discours très dense qui totalise une bonne soixantaine de représentations assurée par 40 compagnies qui vont se produire dans 26 lieux différents. Parmi ceux -ci, bien sûr, on retrouve toutes les grandes étapes habituelles du festival mais certaines totalement inconnue comme cette « Maison sublime » qui est comme une enclave privilégiée et pour ainsi dire secrète au cœur même du Palais de Justice et que va investir l'extravagant Steven Cohen pour une prestation directement liée aux lieux mais aussi tout imprégnée des complexités d'un personnage qui inscrit sa propre déploration dans celle de son peuple (il est juif, bien évidemment).

On pourrait ainsi développer toutes les correspondances que Robert Lacombe a tissées pour cette saison. Le public va devoir affronter ses propres doutes et reconstituer la carte de ses désirs (ou de ses curiosités) pour décider de ce qu'il veut ou voudrait voir, de ce qu'il aimerait ou pourrait aimer découvrir.

Mais avant toute chose et au-delà même des intentions, c'est un très grand et très fascinant panorama qui va des choeurs d'hommes de Russie au « Château de Barbe-Bleu » de Bartok en passant par Michael Lévinas et toute une cohorte de jeunes créateurs qui vont donner à cet automne de fin de saison (il se poursuit en décembre) les couleurs rougeoyantes de l'invention et de la passion.

A noter quand même, puisque nous sommes à Rouen, la soirée consacrée à Jeanne d'Arc, symbole involontaire de la transgression puisqu'elle fut condamnée pour avoir repris ses vêtements d'homme. Jordi Savall évoquera (le 20 novembre à l'Opéra de Rouen) l'univers musical de la sainte dont les seules harmonies qui lui parvenaient étaient à travers le cliquetis des armes celles que le ciel lui envoyait.

Un avant-goût en quelque sorte du « Trash metal » !

- Pour tout savoir sur la programmation : automne-en-normandie.com

Document : Pierre et Gilles

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