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Théâtre en Normandie

Horwath en résidence au CDN avec le Chat Foin : Le théâtre de la déliquescence vu par Dacosta

15 Octobre 2015 , Rédigé par François Vicaire

Horwath en résidence au CDN avec le Chat Foin :  Le théâtre de la déliquescence vu par Dacosta

Il y eut en son temps Fassbinder, puis Offenbach. Aujourd'hui, il y a Labiche et Daniel Keene en attendant demain Odon Von Horvath. Il y a chez Ya nn Dacosta une recherche d'auteurs qui affirme une volonté permanente de mettre en évidence les sociétés dont il débusque les fragilités avec un regard qui tient en alerte en même temps qu'il interroge.

C'est une manière de mettre le doigt sur les cicatrices de l'humanité et de stigmatiser ses cruautés et ses faiblesses. En ce sens le choix de « Légendes de la forêt viennoise » de Horwath est exemplaire.

Tout pourrait commencer comme une bluette qui serait née sur le Prater dans les complaisances virevoltantes chères à la dynastie des Strauss. Mais en dépit de son charme, la mélodie se détraque rapidement dans les fausses notes d'un monde qui part à la dérive.

Portés par le rythme inexorable de l'Histoire, les personnages se débattent dans les méandres d'une époque dominée par l'égoïsme et l'intolérance. Laminés par la misère économique dans lequel est plongée cette Allemagne de l'entre-deux-guerres - celle de Weill, de Brecht, de Zweig ou de Schlemmer pour la peinture et la scénographie - ils se cognent aux murs de l'indifférence et de la lâcheté.

« Comme toujours chez Horwath, la pièce possède une dimension politique, sociale et une dimension plus intime. Elle pose directement la question du conflit entre le sens des responsabilités que doivent assumer les individus et leur part de liberté qui progressivement se rétrécit pour arriver au pire, c'est à dire au fascisme.

En fait, la bluette s'enlise rapidement dans l'amertume et bientôt dans la désespérance. Les couples s'aiment, s'affrontent et, dépassés par des événements qu'ils ne peuvent maîtriser, se défont et cherchent les moyens de survivre matériellement et intellectuellement .

La pièce tient tout autant du drame que du genre léger et insouciant de l'opérette. Dacosta joue sur les deux registres et effectue avec sa très nombreuse distribution - pas moins de 18 comédiens – un travail sur le chant orchestré, par Pablo Elcoq qui donne aux créations du « Chat Foin » une connotation musicale particulièrement personnelle

« Légendes de la forêt viennoise », porté par le Centre Dramatique National de Haute-Normandie, où toute l'équipe est en résidence, est programmé chez David Bobée en janvier 2017 avec une distribution dans laquelle on retrouve, entre autres, Laëtitia Botella, Maryse Ravera, Pierre Delmotte, Florent Houdu, Jean-François Levistre qui peuple ce théâtre de la déliquescence dont les personnages sont comme des naufragés abandonnés au milieu d'un monde pourri par l'argent où riches et pauvres aspirent à un peu d'humanité.

Pour Yann Dacosta, l'écriture d'Horwath, comme celle de Fassbinder, est ouverte et généreuse. Elle n'impose rien mais elle propose :

Elle ne dénonce pas, ne glorifie pas. Elle fait appel à l'intelligence du spectateur qui doit prendre position. C'est une écriture profondément politique qui rend le spectateur actif et acteur de la construction de son idéal.

Un message qui reste toujours d'actualité.

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