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Théâtre en Normandie

Caroline Lozé à l'ODIA : Une nouvelle génération pour un nouveau regard

29 Octobre 2013 , Rédigé par Vicaire François

Caroline Lozé à l'ODIA : Une nouvelle génération pour un nouveau regard

Depuis les modestes locaux de la rue Saint Hilaire de ses débuts à sa nouvelle installation dans la superbe « cathédrale des savoirs » du boulevard de l'Europe, l'ODIA a fait du chemin. Il faut dire qu'en quelques années les missions de cette institution qui a maintenant près de vingt ans d'existence ont singulièrement évolué. S'il est vrai qu'elles ont mis les bouchées doubles, la manière de les faire digérer n'a pas toujours été, il faut le dire, à la mesure des attentes de ceux qui en espéraient beaucoup.

En fait, si les buts fixés à son origine sont toujours d'actualité et restent avant tout axés sur l'aide à la diffusion, les corollaires qui les accompagnent ont opéré une mutation qui n'a pas toujours été bien comprise, sinon acceptée. Dans cet univers fragile de la création, certaines compagnies régionales se sont crues avec raison éconduites d'un principe sur lequel elles appuyaient leur existence matérielle au point de ressentir comme une sanction ce qui était en fin de compte une nécessité de répondre à de nouveaux critères.

Question de doigté à n'en pas douter. Cette absence de compréhension, au lieu de maintenir un dialogue qui pouvait mener à des ententes, voire à des aménagements, s'est soldée, il faut bien le dire – et le déplorer - par une incompatibilité d'humeur qui en définitive est allée à l'encontre des buts d'écoute et de reconnaissance qui étaient les objectifs que l'ODIA s'était fixé dès sa création.

Caroline Lozé qui vient de prendre ses fonctions de directrice en remplacement de Thierry Boré, parti diriger « Spectacle vivant en Bretagne » doit s'employer à redonner du « liant » entre l'ODIA et ceux qui lui font appel.

Transfuge de « ARCADI » qui est à l'Ile-de-France ce que l'ODIA est à la Normandie, elle arrive avec un oeil neuf et une vision qui s'appuie sur une « philosophie de l'accessibilité » qui devrait permettre de renouer un dialogue plus direct et surtout plus explicite quant aux actions qu'elle doit mener :

« Tout est une question d'approche et de communication. Nos intentions restent les mêmes avec des axes qui s'articulent autour de la diffusion, du mode de fonctionnement des compagnies, de l'accompagnement des équipes artistiques qui s'y consacrent avec en filigrane l'attribution des aides qui dépendent de ce qu'on pourrait appeler des critères de recevabilité. Ceux-ci ont bien évidemment évolué en fonction des spécificités, voire les disparités, qui peuvent intervenir entre la Basse et la Haute-Normandie . Or, il est certain, que tous ces domaines sont dépendants les uns des autres. Pour ce qui est de la diffusion, il est normal de s'interroger sur la pertinence des lieux, sur les stratégies qui y sont développées et les perspectives de durée d'un spectacle. Tout cela forme un tout dans lequel la cohérence artistique trouve naturellement et en priorité sa place ».

Bien évidemment, on en vient à cette notion de choix à laquelle l'ODIA ne peut échapper et qui rend si délicate l'approche d'un travail dont la manière dont il peut être perçu peut mettre en question, sinon en péril, l'existence même d'une compagnie.

Caroline Lozé n'ignore pas le problème que représente cette question épineuse de la reconnaissance :

« En région, en général le lieu d'accueil qui sollicite l'aide de l'ODIA et c'est alors qu'interviennent les choix structurels liés à l'accueil. C'est pourquoi nous sommes de plus en plus intervenants, en amont, dans la conception d'un lieu. Mais dès qu'il s'agit d'une demande hors-région, c'est la compagnie elle-même qui sollicite l'aide de l'ODIA et nous nous interrogeons sur le choix du spectacle, sur l'opportunité de la salle et de la ville choisies, sur les perspectives de débouchés pour le spectacle et enfin sur un certain nombre d'éléments artistiques et stratégiques du projet, en un mot sur la « qualité de la vitrine ».

Bien évidemment, comme dans tout choix, la part de la subjectivité ne peut être écartée. Pour atténuer cette difficulté qui naît du cruel jeu de l'offre et de la demande, Caroline Lozé compte sur les rencontres, les échanges, une meilleure connaissance de chacune des parties en présence et surtout la nécessité de s'interroger sur les avantages et sur les inconvénients d'une situation qui n'est pas simple à gérer.

« Tout est une question de mise en œuvre des ajustements. En plus de son regard purement artistique, l'Office prend en compte la globalité du paysage, ce qui lui permet d'avoir un dispositif d'accompagnement et une aide plus personnalisée en fixant les prolongements qu'une compagnie peut avoir avec une création et sur la réalité des lieux. Nous fonctionnons avec onze partenaires financiers qui ont leur mot à dire. Parmi eux, se retrouvent, en plus des institutionnels Hauts-Normands comme le Conseil régional ou le Département de Seine-Maritime et les ville de Rouen et du Havre, des représentants des départements du Calvados, de la Manche, de l'Orne et de l'Eure».

L'ODIA a été à l'origine de la première manifestation de rapprochement entre les deux Normandie. Depuis, des partenariats se sont engagés avec la Picardie et le réseau s'est ouvert à d'autres horizons comme en Languedoc-Roussillon ou en la Bretagne. Un éclatement qui offre à des compagnies les moyens de s'engager dans une politique de rayonnement qui multiplie les expériences et les échanges. Et dans le prolongement de ce bel éclatement, Caroline Lozé est en train de mettre en place un projet concernant l'Angleterre autour de la danse en collaboration avec les centres chorégraphiques du Havre et de Caen et la compagnie « Le Triangle » à Rennes.

Un pas de plus vers une nouvelle entente cordiale entre la Normandie et l'Angleterre.

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